Fabian Jordan, maire de Berwiller (68) et président de Mulhouse Alsace Agglomération, a été le premier initiateur de la « journée citoyenne », en 2008. Depuis lors, il anime le collectif des journées citoyennes, qui a essaimé le concept de journée citoyenne dans toute la France. C’est à ce titre qu’il nous fait part de son engagement très fort pour la réussite de la Journée nationale Citoyenneté et Fraternité, dont la première vocation est de « célébrer l’importance de ces valeurs dans la construction du vivre-ensemble ».

 

Pourquoi souhaitez-vous vous impliquer dans la Journée nationale Citoyenneté et Fraternité ?

Fabian Jordan : Dans la période actuelle, où les signes de peur et de repli sur soi s’accentuent, il est plus important que jamais de montrer que la plus grande partie de nos concitoyens restent attachés aux grandes valeurs qui fondent notre société. Cette journée est donc pour moi avant tout une journée de célébration de la citoyenneté et de fraternité comme valeurs de rassemblement face aux graves enjeux que nous devons surmonter sur le terrain économique, écologique, et démocratique. Mon engagement en faveur de cette journée nationale était donc tout naturel, puisque, comme vous le savez, depuis bientôt deux décennies, je ne cesse de prendre des initiatives dans mon territoire pour renforcer le goût du vivre-ensemble et la responsabilité de chacun.

D’ailleurs, cette année, j’ai à nouveau organisé à Berrwiller une journée citoyenne, qui a rassemblé plus du tiers de la population, et j’ai pu la semaine suivante découvrir dans vingt-sept autres communes la réussite de leurs journées citoyennes. Alors qu’il s’agit, chaque fois, d’un véritable défi collectif. Il me paraît important de rappeler que la journée citoyenne est une journée où les habitants réalisent des projets, qu’ils ont eux-mêmes définis, avec un mot d’ordre commun : faire ensemble pour mieux vivre ensemble. C’est en construisant avec l’autre, avec des résultats concrets, que l’on renforce les liens. Cette année, j’ai même senti quelque chose de plus fort que d’habitude. C’était comme un grand mariage, se terminant d’ailleurs par des photos-souvenirs, pour bien marquer l’importance de l’événement. Et puis, j’ai eu aussi la joie de voir plus d’enfants, plus de jeunes que d’habitude, ce qui consolidait encore plus le caractère intergénérationnel de la journée citoyenne.

Je tiens d’ailleurs à rappeler que dans le cadre de la Journée nationale de la Citoyenneté et de la Fraternité du 15 octobre, les maires peuvent eux aussi organiser une journée citoyenne. Mais la journée nationale peut se traduire par des objectifs moins ambitieux, comme des repas de quartier, des conférences, des portes ouvertes, des commerçants mobilisés, des animateurs de réseaux valorisés. L’idée est de montrer qu’on peut prendre des initiatives qui demandent peu d’efforts et produisent de grands résultats. Et j’insiste particulièrement sur une conviction que nous partageons, avec les très nombreux partenaires de la Journée nationale du 15 octobre, et notamment les associations d’élus locaux, c’est que nous n’avons de leçons à donner à personne, nous voulons juste que cette journée valorise ce qui est fait de remarquable sur le territoire et le porte à la connaissance des autres. C’est comme ça qu’on avance : en toute humilité. Et l’humilité en politique est impérative pour redonner confiance aux citoyens, pour qu’ils retournent aux urnes et soient des citoyens à part entière.

Votre attachement à la promotion de la citoyenneté est donc profond. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Oui, c’est vrai, car je pense qu’une des premières priorités d’un maire est de développer les liens sociaux. Or, ceci ne peut se faire sans un engagement citoyen de chaque habitant. Et c’est possible, car en valorisant l’implication personnelle de chacun, on provoque une fierté de vivre ensemble, de partager, d’intégrer les nouveaux habitants, de créer des liens intergénérationnels, de valoriser la jeunesse, de faire des aînés des transmetteurs de savoir. Tout cela peut être fait, en associant le monde économique, les chambres consulaires, les chambres des métiers, les chambres de commerce, les chambres d’agriculture, les fédérations du bâtiment, et bien sûr le monde associatif, sans lequel on ne peut rien. Il me semble important de revenir sur les leçons que nous avons tirées de la journée citoyenne à Berrwiller, démarche qui est dorénavant reprise dans près de 3000 communes. La journée citoyenne, quand on y pense, ce n’est rien d’exceptionnel. C’est juste du bon sens. C’est ce qui se faisait de manière normale et automatique dans le passé et qu’avec l’individualisation de la société nous avons oublié. L’individualisme aujourd’hui détruit la société et nous devons recréer du lien, donner la possibilité de l’appropriation collective du territoire, redonner des repères et un projet commun. C’est quelque d’essentiel. Et pour y parvenir, il faut expliciter partout qu’être citoyen, c’est être disponible pour les autres. Et être responsable de son environnement. Je voudrais vous donner un exemple que nous avons vécu : quand vous repeignez un abribus avec des adolescents, il devient le leur, ils vont le respecter et ne pas le détériorer. C’est tous ces constats qui m’amènent aujourd’hui à soutenir l’initiative du 15 octobre, car il faut briser la mur du silence des médias, qui ne parlent que de ce qui ne va pas. Nous entrons dans un monde difficile, et nous aurons besoin d’unité pour agir efficacement. Or la pandémie a montré la disponibilité de beaucoup de Français à s’entraider. Il faut encourager ce mouvement de redécouverte de l’action individuelle au service du bien commun. Et donc de la fraternité.

 

Plus d’infos sur la Journée Nationale Citoyenneté et Fraternité : jncf.fr