Ce samedi, avec 32 ateliers et 400 participants (sur 1200 habitants), la 16e édition de la Journée citoyenne de Berrwiller est, cette année encore, un modèle de mobilisation collective. Son initiateur, Fabian Jordan, Maire de Berrwiller, Président de Mulhouse Alsace Agglomération (m2A) et Président de l’Odas, se livre sur cette expérience à la fois personnelle et politique.

Quel est votre moment préféré de la journée citoyenne ?
Fabian Jordan : C’est le moment du déjeuner, lorsque l’on se retrouve à midi à plus de 400 sur le terrain de foot pour partager le repas. Il y a beaucoup de joie, c’est émotionnellement l’instant le plus fort pour moi.

L’atelier le plus emblématique ?
Fabian Jordan : C’est l’aménagement du cimetière, le tout premier chantier, qui perdure depuis seize ans. Nous avons rénové le mur extérieur, puis intérieur, le sol, réalisé l’agrandissement du columbarium, etc. C’est la première mobilisation, elle est emblématique pour la commune. Et depuis le début, ce sont les mêmes personnes qui y participent.

Chaque année, vous proposez des ateliers emblématiques. Qu’en est-il cette année ?
Fabian Jordan :  Cette année, nous allons construire un chalet citoyen. C’est un projet porté par le Conseil des Jeunes de Berrwiller, désireux de créer un lieu convivial où les habitants, randonneurs et passants peuvent se retrouver pour échanger, organiser des événements culturels, artistiques et sportifs, ou tout simplement passer du temps ensemble. Leur projet se concrétise grâce au soutien de la commune et des habitants qui y travailleront lors de la Journée citoyenne.
Il y a également un autre atelier qui me tient à cœur, celui dédié au recueil des témoignages des aînés, intitulé « Fêtes et Traditions d’Antan ». L’année dernière, cet atelier avait abouti à l’édition d’un « Livre de recettes de nos mamies ». Ces deux ateliers montrent bien la dimension intergénérationnelle de la Journée citoyenne. »

Comment vous impliquez-vous ce jour-là ?
Fabian Jordan : Le matin, je m’occupe de la coordination et de l’accueil des maires d’autres communes qui viennent découvrir le fonctionnement de la Journée citoyenne et, l’après-midi, je vais là où il y a besoin d’aide. Mais si je pouvais choisir, je participerais cette année au chantier du chalet citoyen, belle initiative du Conseil des Jeunes de la commune qui sort de terre grâce à la mobilisation de tous pour profiter au plus grand nombre. Avec le sentier bucolique des enfants, nous créons collectivement un espace où mieux vivre-ensemble, avec les familles, les associations et nos visiteurs. En outre, ma fibre d’ancien sapeur-pompier volontaire salue l’atelier d’initiation aux gestes de premiers secours, ouvert pour la 4e année aux enfants de la commune.

À quoi ressemblerait la Journée citoyenne idéale ?
Fabian Jordan : Elle existe déjà ! À Berrwiller, 400 habitants âgés de 4 à 93 ans sur 1200 sont acteurs, cela représente un tiers de la population. Dans le Haut-Rhin, 80 % des communes l’organisent et, au niveau national, on recense plus de 2500 villes, sans compter celles qui ne s’identifient pas. L’idéal serait que les citoyens continuent à s’engager tout au long de l’année.

Au-delà de cette journée, que proposez-vous pour remobiliser les citoyens dont la méfiance vis-à-vis des institutions grandit ?
Fabian Jordan : De la proximité et de l’écoute. La Journée citoyenne est l’illustration d’un travail de fond mené tout au long de l’année. On écoute, on consulte et on accompagne les initiatives des citoyens qui, du coup, passent de consommateurs à acteurs. Après ça, ils accordent leur confiance et s’impliquent. Je rencontre chaque nouvel habitant individuellement, qu’il soit locataire ou propriétaire, dans une volonté de découvrir l’autre, de valoriser ses savoirs, ses compétences. Je remets un livret de bienvenue avec la présentation des associations, des producteurs locaux et de la Journée citoyenne… Tous les habitants possèdent mon numéro de téléphone portable. Pour recréer la confiance, il faut travailler à l’échelon local, donc le maire. Cela signifie revoir son statut et lui donner plus de pouvoir de décision, pas seulement des responsabilités. Et il doit utiliser ce pouvoir pour créer du lien entre les gens, ça demande de l’humilité. L’élu est un facilitateur. Notre rôle, c’est de donner le cadre et l’outil pour que les citoyens l’utilisent et le respectent. Fédérer et rassembler, ça a toujours été dans mon ADN.

Quel est le plus grand défi qu’ont à relever les citoyens à l’heure actuelle ?
Fabian Jordan : Par les temps qui courent, lutter contre le repli sur soi devient vital pour tous. Il est plus que nécessaire de faire société, en créant du lien et en unissant les énergies positives pour relever tous les autres défis de notre époque. La Journée citoyenne est emblématique de ce lien, en unissant autour de chantiers concrets des citoyens de tout âge et de tout horizon. Car c’est ensemble que nous sommes plus forts !

Si vous deviez jeter une bouteille à la mer, quel message glisseriez-vous dedans ?
Fabian Jordan : Réussissons à vivre ensemble, à respecter l’autre à l’échelle locale, nationale, mais aussi européenne et mondiale, retrouvons le sens du partage afin de construire la société de demain. On peut faire beaucoup plus si on est ensemble. La Journée citoyenne est peut-être un message d’espoir en ce sens. La mobilisation collective ne peut se faire qu’en se rapprochant de l’autre. Tout comme l’élu, qui n’est pas un sachant, doit apprendre à savoir en allant à la rencontre de l’autre.