En 2020, au vu de la crise sanitaire, il a été difficile voire impossible pour de nombreuses communes d’organiser la traditionnelle Journée citoyenne. Mais les restrictions et le pessimisme ambiant n’ont pas arrêté certains édiles comme Michel Gonord, maire de Champagne-sur-Seine qui a maintenu l’organisation d’une Journée citoyenne le 19 septembre.

Samedi 8h, l’équipe organisatrice (élus et habitants) s’active pour accueillir les quelque 100 participants inscrits pour la journée. Un café et un mot d’accueil est prévu vers 8h30 avant que chacun se répartisse sur les 15 chantiers retenus cette année. Une organisation un peu adaptée mais qui permet à la Journée citoyenne d’avoir lieu, car comme le dit Michel Gonord “sinon on ne fait plus rien”. àBlois aussi on s’est adapté, pour éviter les grands rassemblements, la Journée citoyenne sera organisée chaque mois par quartiers et ce tout au long de l’année. Particularités, outre le gilet orange visible de tous, le masque mais qui n’empêche pas de lire sur les visages la bonne humeur et la joie d’être là. Comme nous disent plusieurs habitants “on est content de se retrouver, de pouvoir sortir”, “on ne s’était pas vu depuis longtemps”.

Faire ensemble pour mieux vivre ensemble

La Journée citoyenne réunit une fois par an les habitants d’une commune ou d’un quartier autour de chantiers et d’activités qu’ils ont eux-mêmes proposés pour les réaliser ensemble. Des projets qui ont du sens pour ceux qui participent : “c’est une évidence”, “c’est ma ville”, “j’aime ma ville”, “j’y suis née”, disent-ils. Outre le sentiment d’appartenance, c’est aussi le plaisir de se retrouver, de se rencontrer, d’œuvrer ensemble pour la ville, de transmettre des savoir-faire ou encore d’intégrer les nouveaux habitants. D’ailleurs c’est la troisième année que des réfugiés recueillis à Champagne-sur-Seine sont invités à participer. Ce sont toujours des lieux symboliques et des actions qui visent à créer du lien : l’église, la forêt, le mur du stade qui, chaque année, voit un pan repeint et décoré avec des dessins liés au sport, ou encore la mobilisation de joueurs de basket, jeunes et adultes, qui ont proposé comme chantier de repeindre les lignes du terrain de basket extérieur.

 

Le mur du stade, un chantier qui continue chaque année

Une tendance au développement durable

De plus en plus de communes font des chantiers liés au développement durable. Champagne-sur-Seine n’échappe pas à la règle, que ce soit dans l’organisation générale ou de chantiers comme celui de confection de sacs en tissus, décorés avec des légumes, du pain, ou une croix de pharmacie… Un sac sera offert aux participants. Les partenaires sont également tournés vers le développement durable et le zéro déchet en fournissant des gourdes et des verres réutilisables aux couleurs de la Journée citoyenne.
Cet événement est aussi l’occasion de mobiliser aux côtés des habitants, les acteurs économiques de la commune, comme la boulangerie et la pâtisserie qui offrent les desserts du déjeuner ou encore l’entreprise de peintures qui fournit pour la quatrième année consécutive la peinture pour les différents chantiers tandis que son patron rejoint chaque année le cortège des bénévoles pour apporter son expérience. Et le supermarché du coin n’est pas en reste, puisqu’il fournit depuis la première édition la quasi totalité du repas du midi, partagés avec les bénévoles. “C’est une action formidable qui mérite d’être encouragée”, souligne le directeur.

 

Déjeuner convivial devant le centre culturel Anne Sylvestre

De nouvelles manières d’animer sa commune

“Ce rendez-vous offre ainsi l’opportunité de réinventer la citoyenneté, une citoyenneté d’implication” explique Fabian Jordan, maire de Berrwiller et initiateur de la Journée citoyenne. En effet un des enjeux aujourd’hui est de reconnecter les habitants à leur commune. Des expériences autour de la démocratie participative se mettent doucement en place et même si le chemin est encore long, “il faut continuer d’y croire et ne pas baisser les bras” nous dit le maire de Champagne-sur-Seine qui vient de tirer au sort des citoyens pour les faire participer aux commissions municipales. Sur une cinquantaine d’habitants qui se sont portés candidats, 40 ont été retenus pour les 8 commissions.

Plus qu’un simple réseau

La Journée citoyenne favorise les rencontres, les échanges et pas seulement entre les habitants, mais aussi entre les services de la mairie et les habitants ou entre visiteurs et habitants mais aussi entre les communes. En effet, deux élus de la commune voisine de Thomery venus sur place, repartent convaincus et boostés : “il faut venir voir car cela se vit, on ressent l’ambiance”. Trois semaines plus tard avait lieu leur première Journée citoyenne, une élue fait le bilan : “Elle s’est très bien passée, plus de 35 participants pour trois chantiers, une bonne ambiance, des chantiers finalisés. Les résultats sont encourageants et motivants pour une deuxième édition au printemps 2021”. Autre exemple, la présence de l’architecte qui a contribué à la réalisation du centre de santé et de la résidence intergénérationnelle à Champagne-sur-Seine, qui au détour d’une conversation propose d’accompagner la mairie sur la réalisation d’un skatepark. La Journée citoyenne c’est plus qu’une journée d’action, c’est un réseau de communes qui partagent des valeurs, “c’est une évidence”, “ce sont de belles rencontres”. Elle donne du sens, c’est ce qui porte d’ailleurs bon nombre d’élus qui l’organise. Et plus qu’un réseau c’est aussi de l’amitié comme en atteste la visite surprise de l’ambassadrice de la Journée citoyenne de Troyes venue avec sa fille.
En témoigne aussi cette belle amitié née entre Berrwiller (Alsace) et La Guierche (Sarthe) qui ont entériné l’idée d’un jumelage entre leurs deux communes. Et ce geste plein de sens d’une élue qui, en pleine crise sanitaire, avait apporté des “masques” fabriqués à La Guierche à leurs “amis alsaciens”. Ceux-ci étaient accompagnés de rillettes et de cidre pour une note plus festive. Preuve que l’amitié n’a pas de frontières à un moment où les déplacements inter-départementaux sont compliqués.
Et comme disait dernièrement Olivier Rétif, ambassadeur de la démarche, “il faudrait que la Journée citoyenne soit plus contagieuse que le Covid 19”.